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Chroniques, nouvelles et billets d'humeur de l'Affreux Jojo.

A Stéphane Albertini

A Stéphane Albertini

 

Je repense au 13 Novembre avec les attentats du 22 Mars, et je retransmets ici ce que j'avais déjà posté sur les réseaux sociaux.

 

Je ne suis pas fan des partages consensuels sur les réseaux, de la bougie numérique, de la solidarité à peu de clics, j’en ai déjà débattu.
En revanche je tiens à honorer la mémoire d’une des personnes que je connais depuis le plus longtemps, victime des attentats samedi soir.

J’ai été très proche de Stéphane Albertini à l’heure où les premiers souvenirs se construisent, dépassent les images rémanentes des albums photos jaunies : à l’heure de San Ku Kai, Spectroman et Musclor, des divorces des parents, des Treets et Raiders deux doigts coupe-faim.
Les années, la distance nous ont séparés jusqu’à ce que l’on se croise il y a quelques années au restaurant Livio qu’il co-gérait : un grand bel homme souriant, pétillant de charme, suffisamment de qualités pour se faire immédiatement détester par un p’tit cynique comme moi. Sauf que non, Stéphane n’était vraiment pas doué pour cela, ne pas se faire aimer, bien au contraire : il rayonnait d’une confiance sereine, d’une assurance non pas arrogante, mais rassurante et communicante, qui désarmait toute résistance. Stéphane faisait partie des bons. Des good guys.
Nous nous n’étions pas proches mais nous étions en liens réguliers et fréquents via Facebook. Un commentaire par si, un tag par là, un message privé… un pincement régulier du fil de la toile, une vibration, toujours un sourire.

Le fil est rompu, Stéphane, son ami Pierro et beaucoup d'autres ont été brutalement extirpés de notre bulle de réalité vendredi soir, un rappel violentissime du fait que le film projeté sur nos pupilles peut s’arrêter de manière absurde, sans générique de fin, ni logique scénaristique construite. Que cette bulle est minuscule et a des parois si fragiles.

Et putain, ça fait mal, à en être hagard.

Cela sera difficile de retourner chez Livio, sans avoir une boule broyant le fond de la gorge, sans chercher en dépit du bon sens sa silhouette au détour des tables. Il faudra y retourner pourtant.

Je lis « Même pas peur », je lis que "L’amour vaincra », je lis beaucoup de messages positifs.
J’ai peur, j’ai bien peur que tout ceci n’ait aucun sens, que rien n’ait de sens, et qu’il faille serrer les dents, les poings, et au contraire montrer beaucoup de colère mais réfléchie. Voire même, cela lui aurait plu, d’appeler Musclor pour qu’il utilise tout le pouvoir du crâne ancestral.

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